Créations
On relève une circulation limitée des meubles de Victor Courtray, liée à la spécificité d’avoir été essentiellement ensemblier : c'est-à-dire réalisant des compositions sur-mesure pour ses commanditaires. On remarque également que toutes ses créations ne sont pas toujours estampillées, ce qui rend plus difficile leur attribution. Certaines conservent une griffe en métal à son nom, un marquage à chaud, ou une étiquette souple cousue dans la doublure (méfiez-vous cependant des contrefaçons, des griffes authentiques sont parfois ajoutées à des antiquités apocryphes).
On identifie deux grandes périodes distinctes dans la production de Victor Courtray :
- La première est fortement marquée par l’influence de Ruhlmann, qui fait figure d’autorité incontournable dans la discipline à partir de 1925. Cette première époque, au style Art Déco racé, est caractérisée par les formes géométriques et les proportions tassées pour renforcer les effets de volume, notamment pour les installations de grands hôtels. On ressent déjà chez lui le goût de la polychromie et de la cohabitation des matières nobles : placage en Macassar, incrustations d’ivoire, nacre et bois colorés, etc... La spécificité de la formation d'ensemblier de Victor Courtray est son attention à la cohérence de ses compositions. Ainsi, le rythme des baies vitrées se retrouve subtilement dans la forme des accoudoirs, et les tons répondent à la luminosité des espaces.
- La seconde période de la production de Victor Courtray est plus régionaliste et apparaît rapidement après son installation dans le sud-ouest. Elle suit l'essoufflement du style Art Déco survenu vers 1930. Le créateur opère alors une simplification des meubles traditionnels espagnols, en bois stylisés avec motifs gravés, qu'il réinterprète de façon moderne, raison pour laquelle on évoque volontiers à son sujet le « néo-basque » pour qualifier son style. La typologie des différents fauteuils et chaises, les lampadaires, les guéridons recouverts d'une plateau de marbre ou de pierre de Vilhonneur, ont une modernité caractéristique des productions de Courtray au moment de sa reconnaissance dans le sud-ouest de la France.
Tout comme Ruhlmann, Courtray n'éxecute pas lui-même la réalisation de ses meubles. Formé à l'école Boulle, il a d'excellentes compétences techniques. Ses archives apportent de nombreux éléments sur sa méthode de travail : pour les constructions, il réalisait un dessin à l’échelle 1, fourni à un ébéniste qui le fabriquait. On retrouve ainsi des dessins réalisés de sa main, expliquant toutes les caractéristiques, et la photographie de la réalisation correspondante dans ses books quand l'objet a bien été commandé.
Lses décors étaient présentés sur des dessins à l'aquarelle, et dans de mises en espace à plat montrant les 3 dimensions de la pièce, afin de permettre au commanditaire de se faire une idée en volume de la proposition avancée par le décorateur.
La diversité des typologies de ses créations interpelle. On retrouve ainsi des luminaires divers, de nombreux modèles de sièges, des commandes spécifiques pour des particuliers, des décors complets, ainsi que des intérieurs pour des boutiques de luxe et de grands hôtels.
En 1942, Victor Courtray est remarqué lors du Salon des Artistes Décorateurs pour sa collaboration avec le céramiste Edouard Cazaux qui réalise quatre carreaux de céramique, utilisés comme décor, rendant hommage à la fête basque avec des représentations des danseurs de la Soule, le Fandango, les joueurs de pelote et le vin d'Irouleguy.
Ce Cabinet "Euskarien", en chêne et bois de placage, porte une inscription en basque en partie basse et se termine par un piètement quadripode qui lui donne une allure caractéristique.
H.: 166 cm. - L.: 136 cm.
Ce Cabinet "Euskarien", en chêne et bois de placage, porte une inscription en basque en partie basse et se termine par un piètement quadripode qui lui donne une allure caractéristique.
H.: 166 cm. - L.: 136 cm.